Pour une entraide volontaire et apprenante au service de la capacité nourricière

Entraide volontaire pour l'agriculture nourricière

Pour la plupart des personnes qui pratiquent l’entraide de façon spontanée et sans organisation particulière, il peut sembler surprenant de se poser la question de la valorisation du temps d’entraide, voire même de se préoccuper de réciprocité.

Un ami viticulteur vous invite à participer à une demi-journée de vendanges, vous vous faites une joie de participer sans vous soucier du nombre d’heures que cela représentera, ni de la contrepartie que vous recevrez en échange (peut-être un goûter convivial ou quelques bonnes bouteilles de la cuvée précédente).

Entraide volontaire pour l'agriculture nourricière

De toute évidence, dans la plupart des situations d’entraide ponctuelle rencontrées entre particuliers d’une part et entre particuliers et agriculteurs d’autre part, le besoin de préciser les choses avant existent peu ou pas, et le fait de garder une trace des événements après leur déroulement ne paraît pas utile.

Il existe ainsi une « entraide libre » qui prend tout son sens dans une forme de consentement donné sans accord préalable sur les conditions de l’entraide. L’engagement pris de « venir aider » est d’ailleurs réversible, à condition de prévenir, et le non-respect de ce qui était convenu ne porte pas à conséquence.

« L’entraide spontanée qui se pratique actuellement dans le champ des activités nourricières vit une sorte de complexe et reste trop peu visible »

François Fuchs, co-fondateur de l’association Entraide nourricière

Des contextes voient le jour où il est question d’adopter de nouvelles pratiques d’entraide. Là où certaines attentes et certaines conditions sont réunies, suffisamment déterminantes et motivantes pour que des personnes volontaires veuillent s’entraider, il semble nécessaire de se donner le temps de s’entendre préalablement sur un échange de biens ou de services, et d’enregistrer simultanément cet échange afin qu’il soit pris en compte collectivement.

Entraide apprenante pour l'agriculture nourricière

Il semble ainsi utile de se placer dans une perspective d’entraide « consciente », a priori dans un cadre collectif, avec les fondamentaux que sont le volontariat et le consentement mutuel. Il s’agit alors de marquer deux étapes cruciales : le temps de la négociation et le temps de la valorisation.

C’est l’orientation choisie dans le cadre du Projet Kiwano pour l’entraide nourricière :

Où par « négocier » nous entendons cette démarche consistant à entrer en relation pour s’entraider, choisir le don sans contrepartie ou définir les contreparties, préciser ainsi ce qui va être échangé, quantitativement et qualitativement, et conclure une entente.
Et où par « valoriser » nous entendons la suite possible, restant optionnelle, permettant de garder en mémoire et de comptabiliser les activités d’entraide, en étant capable d’estimer les impacts de celles-ci, principalement en termes d’économie collaborative, d’économie circulaire, et de services environnementaux rendus.

L’entraide nécessite un temps ou plusieurs personnes (au moins deux) s’entendent sur ce qui se joue

L’entraide nourricière qui est à portée de notre main se situe dans ce périmètre, avec la volonté assumée de développer l’entraide « consciente » dans les contextes et les collectifs où elle est attendue comme une solution, sans que cela se fasse au détriment des formes « libres » de l’entraide.

Cela nous semble d’autant plus utile de tracer l’entraide lorsqu’elle met en jeu des relations d’apprentissage. L’entraide nourricière est souvent « apprenante », c’est à dire que les échanges de biens et de services s’accompagnent d’échanges de connaissances et de retours d’expériences. La formation de pair à pair, entre deux personnes plus ou moins expérimentées qui pratiquent une activité nourricière, est bien une forme d’entraide et ouvre la voie à la montée en compétences.

« Certaines formes d’entraide nourricière méritent aujourd’hui un accompagnement, une reconnaissance, voire une valorisation »

François Fuchs, co-fondateur de l’association Entraide nourricière

Cette proposition d’entraide nourricière volontaire et apprenante portée par le Projet Kiwano (une expérimentation dans le champ de l’innovation sociale) s’attache donc à faire entrer de nouvelles personnes dans le champ des activités nourricières avec le levier de l’entraide.

S’il y a bien un objectif qu’il ne faut pas perdre de vue, c’est l’accueil de nouvelles personnes et leur accès à de nouvelles coopérations, pour tisser ces relations de confiance sur lesquelles reposera en grande partie notre capacité nourricière de demain.


Heureuse année 2025

En 2024, Argument Climatique et le Projet Kiwano sont entrés dans le domaine passionnant de la EdTech, pour relier l’entraide nourricière et le partage des connaissances, la formation de pair à pair pour le développement des activités nourricières en Nouvelle-Aquitaine.

2025 sera l’année du « lever de rideau » sur notre innovation sociale.

Nous souhaitons à toutes et tous de trouver la voie de la capacité nourricière, pour chacun.e et pour les territoires engagées dans des projets alimentaires.

Heureuse année 2025, avec la force nourricière et le Projet Kiwano

JACQUARD, FABRE et le Projet Kiwano

En nous inspirant d’Albert JACQUARD qui voyait dans la vulgarisation scientifique un manifeste contre les inégalités et de Jean-Henry FABRE, précurseur génial d’une pédagogie ouvrant sur le champ immense de l’entomologie, nous sommes concentrés sur un objectif de partage.

La biodiversité cultivée
Ce qui nous intéresse c'est de renforcer les coopérations dans les territoires et l'entraide dans les collectifs
Logo Argument Climatique
François Fuchs
Argument Climatique

La naissance du Projet Kiwano vient d’une passion pour la connaissance du vivant. Connaître, avec le regard du scientifique débutant, les espèces végétales et animales et les liens tissées entre elles.

C’est notre réponse pour faire face à un défi nourricier, à relever collectivement et dans un climat qui change. Nous sommes convaincus que si la curiosité revient en force et pousse une nouvelle génération vers le jardin, la forêt, la prairie, le champ cultivé et le verger, alors c’est tout un pays qui peut espérer se réconcilier avec son sol, ses plantes et ses animaux !
Si nous nous lançons dans ce Projet Kiwano c’est parce que nous ne voyons pas l’individualisme comme une fatalité. Il perdra la bataille contre les coopérations et l’entraide au fur et à mesure que nous serons plus nombreux à prendre conscience des tensions sur nos ressources nourricières.

En avant pour actionner le levier de l’entraide et renforcer la capacité nourricière des territoires.

Makeathon EC2U : un défi !

Logo du Projet Kiwano pour l'entraide nourricière en Nouvelle-Aquitaine

Argument Climatique travaille actuellement sur le « Projet Kiwano », lauréat de l’AMI Innovation Sociale 2023 de la région Nouvelle-Aquitaine. Le thème central de ce projet est le développement de l’entraide nourricière grâce à un portail dédié et à un outil polyvalent d’entraide muni d’une unité de compte, le Kiwano.

Le Projet Kiwano prend sa source en Corrèze où l’entreprise Argument Climatique est accompagnée par l’incubateur ESS Rhizome de l’association Airelle.

Logo du Projet Kiwano pour l'entraide nourricière en Nouvelle-Aquitaine

Le Projet Kiwano expérimente une nouvelle forme d’entraide en ligne pour la capacité nourricière des territoires


Un défi en lien avec la capacité nourricière et les coopérations

Un défi #alimentation #santé #local #entraide et #coopération


Approvisionner 1 an 1000 foyers en produits frais et locaux en s’appuyant uniquement sur des coopérations et de l’entraide

Un défi nourricier pour actionner le levier des coopérations à l’échelle d’un territoire

Sans transaction financière ni subvention

Approvisionner, c’est à dire produire, récolter, acheminer et distribuer

Avec tous les acteurs locaux prêts à échanger des services en complément de leur modèle économique

De multiples formes d’entraide sont pratiquées aujourd’hui à différentes échelles et dans des dispositifs très divers. Nous nous inspirerons ici principalement du système de Barter, reposant essentiellement sur des échanges de services entre acteurs économiques, en le complétant avec les contributions du bénévolat et de l’entraide citoyenne (don, troc, échange de services entre habitants).

Pour que ce qui a de la valeur ne soit plus invisible

L’entraide dont nous parlons ici est couplée à une unité de compte, c’est à dire que les différentes formes de coopérations mise en œuvre sont quantifiées et comptabilisées. Cette quantification permet d’équilibrer les échanges comme dans une accorderie ou un Système d’Echange Local (SEL). Mais il ne s’agit pas de créer une nouvelle monnaie avec une équivalence en euro.

Le moteur de l’entraide n’est donc pas de réaliser un chiffre d’affaires, mais réside dans la recherche de solutions grâce à l’entraide avec contreparties : « j’échange ma paille contre ton fumier » comme dirait un céréalier qui a besoin de fertilisant à un éleveur qui veut une litière pour ses animaux.

La somme des valeurs des activités d’entraide réalisées par un système alimentaire localisé pourra être valorisée à un autre niveau que nous ne préciserons pas ici. Simplement, en termes d’évaluation, la nature des activités d’entraide peut induire des économies de ressources et des effets bénéfiques en lien avec One Health.

Saurons-nous repérer et actionner les solutions apportées par l’entraide pour nous approvisionner en produits frais et locaux ?


Les échanges de services peuvent être bipartites, tripartites ou reposés sur un cercle d’échanges comptant plus de trois acteurs se mettant d’accord ensemble sur la meilleure façon de s’entraider.

Des ressources utiles

Une recherche récente sur la faisabilité d’un système Barter :

https://institut-des-monnaies-locales.org/wp-content/uploads/sites/7/2023/10/Synthese-Eusko-Barter-FR.pdf

Comment fonctionne les cercles d’échanges agricoles :

http://www.fnec.fr/IMG/pdf/Fiche_Cercle_d_echanges.pdf

Les livrables du programme Territoires à Vivres :

https://www.territoires-a-vivres.xyz/?Livrables


Contact :

François FUCHS

f.fuchs@argument-climatique.fr


Inspiré par la crise du Covid-19 le HCC publie ses recommandations

Lien vers le site du Haut Conseil pour le Climat (HCC)

Pour le Haut Conseil pour le Climat (HCC) qui vient de publier un rapport présentant 5 grandes recommandations pour une stratégie de développement durable dans le contexte post crise du Covid-19, il est temps de mettre en œuvre depuis le plus haut niveau de l’état une relance verte rimant avec la croissance verte.

« Il est essentiel de placer les enjeux climatiques au cœur des plans post crise du COVID-19. La reconstruction économique et sociale devra notamment réduire nos vulnérabilités, privilégier la décarbonation et transformer plutôt que de sauvegarder à tout prix. Les mesures budgétaires et fiscales devront être subordonnées à des perspectives compatibles avec la transition bas-carbone, s’éloigner des énergies fossiles et favoriser des approches innovantes des déficits et dettes publiques, et privilégier les secteurs structurants et porteurs d’emplois en lien avec une transition bas-carbone juste ».

HCC, Rapport spécial Avril 2020
Climat, santé : mieux prévenir mieux guérir – 20 pages.

Le lien vers la page consacrée à ce rapport sur le site web du HCC : cliquez ici.

Lien vers le site du Haut Conseil pour le Climat (HCC)

Ce rapport appelle beaucoup de commentaires, déjà à cause de la démarche du HCC qui consiste ici à affirmer sur un ton assez autoritaire « ce qu’il faut retenir de la crise » et non pas à ouvrir le débat et les réflexions alors que nous n’en sommes qu’à l’étape de préparation du déconfinement. Sur le fond, les recommandations sont des propositions assez générales déjà connues mais replacées dans le contexte d’une reprise attendue, à engager au plus vite en réduisant le recours aux énergies fossiles, vraisemblablement en comptant sur l’électricité et plus précisément sur l’énergie nucléaire, même si les auteur.e.s ne sont pas explicitent sur ce point. Le HCC ajoute donc sa voie au concert en faveur d’une relance économique avec tout ce que cela suppose en termes de modes de production et de consommation, mais en accentuant les efforts de substitution du pétrole et du charbon par des énergies renouvelables, ou plus ou moins renouvelables.

SNBC française : une cohérence à trouver entre notre empreinte carbone et l’objectif de neutralité

Le ministère de la Transition écologique et solidaire a rendu public le 6 décembre 2018 le projet de Stratégie nationale bas-carbone (SNBC) révisée. Elle dessine le chemin de la transition écologique et solidaire vers la neutralité carbone en 2050. Ce principe de neutralité carbone impose de ne pas émettre plus de gaz à effet de serre que notre territoire peut en absorber via notamment les forêts ou les sols.

La Stratégie Nationale Bas-Carbone constitue l’un des deux volets de la politique climatique française, au côté de l’autre volet qui est le Plan National d’Adaptation au Changement Climatique, spécifiquement dédié à la politique française d’adaptation.

Lien vers le document (projet de décembre 2018) : la SNBC en 150 pages

Le CNTE veut que la SNBC précise un objectif de diminution des transports routiers

Le Conseil National de la Transition Ecologique (CNTE) a rendu un avis très argumenté au sujet de cette SNBC.

Le CNTE demande que l’objectif de neutralité carbone à l’horizon 2050 soit assorti d’un objectif de réduction de l’empreinte carbone de l’économie française prenant en compte les émissions des importations des biens et services consommés en France et d’exportations de biens et services produits en France.

Pour en savoir plus : le lien vers l’avis du SNBC parmi les sources d’inspiration d’Argument climatique

Il est nécessaire de continuer à bien faire la distinction entre l’empreinte carbone d’un territoire et l’objectif de neutralité carbone qu’il se fixe et ces deux approches ne doivent surtout pas brouiller les pistes : une feuille de route solide repose d’abord sur une quantification de l’impact de nos activités actuelles et une stratégie de réduction des émissions de GES.

AC°

La part de l’agro-alimentaire et des transports un peu plus nette

Les évaluations des différentes responsabilités dans l’empreinte carbone de notre alimentation, longtemps focalisées sur la part de l’agriculture (notamment sur les émissions de méthane par les ruminants et les consommations d’énergie liées à la fabrication des engrais), découvrent de nouvelles masses d’émissions et donc de nouveaux enjeux dans la lutte contre le changement climatique. Une publication récente issue du projet CECAM (précisions ci-dessous) fait apparaître plus nettement les responsabilités des industries agro-alimentaires et des transports, qui sont considérables. La synthèse de l’évaluation choisit encore – et il y a sans doute des progrès à faire de ce côté – de comparer sur un même plan et de rassembler dans un même graphique les émissions agricoles et non-agricoles, alors qu’elles ne sont pas de même nature.

Retrouvez le lien vers l'étude CECAM ci-dessous

Pour aller plus loin dans la prise de conscience sur les impacts des industries en amont et en aval de l’agriculture, et des transports qu’elles entraînent, nous manquons encore d’une représentation très claire de leurs parts respectives. Cette étude ne fait pas encore toute la transparence, ce qui montre à quel point cela reste difficile !

AC°

CECAM : Contenu Energétique et Carbone de l’Alimentation des Ménages.

Pour lire le document sur le site de l’IDDRI : voici le lien.

Au départ l’ACV

L’Analyse de Cycle de Vie des produits évolue, et ses applications dans les secteurs agricoles et alimentaires – donc là où nous rencontrons forcément au moins un écosystème au cours de l’analyse ! – peuvent devenir plus pertinentes… C’est ce que nous rappelle IRSTEA avec ce petit clip pédagogique et ses travaux de recherche dans le cadre d’ELSA-PACT.

Et pour ma part je dois beaucoup à ce que j’ai pu réaliser avec le B.T.P.L. et ses partenaires, en particulier l’INRA de Rennes, en mettant en œuvre la première ACV des produits laitiers en Nouvelle-Aquitaine, au cours de l’opération Parméeli (2006-2009) ; des contenus à retrouver en suivant ce lien.

AC°

La chaire ELSA-PACT, rassemblant chercheurs, enseignants et entreprises, vise à accompagner les industriels de l’eau, de l’agroalimentaire et de la gestion des ressources à s’approprier l’Analyse du Cycle de Vie (ACV), méthode dédiée à l’évaluation des performances environnementales et sociales des produits et services. A retrouver ici.